J’ai eu la chance d’être un coureur pendant la majorité de ma vie (même si je suis encore jeune) et j’ai eu l’occasion d’entrainer beaucoup de sportifs motivés et passionnés par la course et de fréquenter de nombreux coachs excellents. En tant qu’entraîneur, je pense qu’on peut vraiment dire que je suis un coureur chanceux !
Ce mélange unique d’expérience, de points de vue en tant qu’athlète, entraîneur, observateur, et apprenant a eu un impact significatif sur la façon dont j’envisage l’entraînement aujourd’hui. Plus précisément, cela m’a ouvert les yeux sur les erreurs que j’ai faites dans mon propre entraînement ; notamment sur l’état d’esprit avec lequel j’ai envisagé la course.
Dans cet article, je vais imaginer que j’ai réussi à construire une machine à remonter le temps qui va me permettre de retourner dans le passé pour aller voir la version plus jeune de moi-même et lui enseigner quatre leçons essentielles. (Oui, je suis vraiment un grand amateur de course à pied et c’est vraiment ce que je ferai si j’avais une machine à remonter le temps.) Découvrez ces 4 leçons et j’espère que vous pourrez toutes les appliquer à votre propre entraînement et éviter certains pièges.
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Arrêtez de courir lorsque vous êtes blessé
Comme tous les coureurs, j’ai connu de nombreuses blessures. Des blessures dues à l’ajustement de mon kilométrage et aux entraînements intenses à celles dues à un manque de repos, j’ai souffert d’à peu près toutes les blessures que vous pouvez imaginer. La plupart d’entre elles n’ont pas duré trop longtemps, quelques-unes ont nécessité de longs soins, et une a mis un point final à ma carrière de coureur sérieux.
Alors que vous ne pouvez pas éviter certaines blessures, du moins pas quand vous repoussez constamment vos limites, mon approche des blessures aurait pu me permettre de gagner beaucoup de temps sur les pistes, d’empêcher d’autres blessures de se produire, et m’aurait permis d’être plus en accord avec l’entraînement et la course elle-même.
Mon premier réflexe lorsque je me blessais était de me dire, « Comment vais-je réussir à courir avec cette blessure ? ».
Vous hochez la tête parce que je sais que c’est la façon dont tous les coureurs pensent.
Au lieu de prendre en compte les signes d’une blessure, penser sur le long terme, et décider de prendre quelques jours de repos (ce qui n’aurait pas eu le moindre impact réel sur mon plan d’entraînement), j’ai choisi d’aller courir malgré cette blessure jusqu’à ce qu’elle ait tellement empiré que j’ai eu besoin de semaines, et non de jours, de repos complet afin de me remettre complètement.
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Le truc avec la plupart des blessures de course est que si vous les identifiez et les traitez suffisamment tôt, elles auront tendance à disparaître assez rapidement. Par exemple, si vous vous sentez un léger pincement au niveau du bas de votre pied (un signe de la fasciite plantaire), dormez avec une attelle, reposez-vous pendant un jour ou deux, certains massages et exercices peuvent vous aider à guérir les fasciites plantaires avant qu’elles aient une chance de s’aggraver. Cependant, si vous décidez qu’il est normal de courir malgré la douleur qui va augmentant au niveau de votre pied, cela peut vous mener à avoir besoin de prendre six mois d’arrêt total et même de devoir envisager un acte de chirurgie (je vous parle évidemment en toute connaissance de cause).
Si vous sentez qu’une blessure est sur le point de se déclarer, prenez le temps de vous débarrasser de la douleur et de la source du problème dès les premiers signes. Il est infiniment préférable de prendre un ou deux jours de repos complet pour vous assurer que vous êtes en bonne santé que de devoir prendre des semaines ou des mois d’arrêt complet d’entraînement.
Être fort ne signifie pas être stupide
Dans le même esprit, j’ai appris très tôt qu’être « fort » ne signifie pas courir même quand on souffre d’une fatigue extrême ou ne jamais prendre un seul jour de repos. Comme l’entraîneur de légende, Alberto Salazar, l’a dit :
Vous devez avoir confiance en vous-même, vous devez vous dire que vous pouvez prendre ces jours de repos, récupérer, et retourner courir en pleine forme. Les athlètes qui s’entraînent et ne prennent jamais de repos passent souvent pour des sportifs tenaces et forts. Ce que j’ai constaté au fil des années c’est que c’est vraiment une faiblesse. C’est un sentiment d’insécurité, vous vous dites que vous n’êtes pas assez bon pour récupérer comme les autres athlètes : je ne suis pas assez bon pour prendre du repos ; j’ai besoin de continuer à m’entraîner ; je ne peux pas perdre de temps ; je ne peux pas faire un seul jour d’entraînement plus facile.
Cette mentalité « forte » est ancrée au plus profond de l’esprit de nombreux athlètes depuis leur enfance. J’ai grandi dans une ville de fans de football, ce qui signifie que les gens jouent même lorsqu’ils sont blessés et que boire de l’eau c’est pour les femmelettes, ce genre de mentalité ne peut pas être plus éloignée de celle nécessaire pour être un bon coureur de longue distance. Mon entêtement ne m’a mené qu’à des résultats d’entraînement et de course en dent-de-scie. En regardant mon entraînement avec un peu de recul, je ne me suis jamais dit, « j’aurais voulu m’entraîner plus dur », je me suis plutôt dit que j’aurais dû m’entraîner plus intelligemment.
Ne négligez pas le travail annexe
Même en tant que coureur semi-professionnel, trouver le temps et l’énergie de travailler toutes ces petites choses était difficile. Après une semaine pendant laquelle j’avais couru 80 km, je voulais surtout profiter de mon canapé. Pour moi, parcourir tous ces kilomètres et faire toutes mes séances d’entraînement étaient mes priorités absolues, trouver le temps de faire du travail supplémentaire, comme les accélérations, les sprints en côte, et d’autres exercices, était un luxe que je gardais pour les jours où j’avais plus de temps. Beaucoup d’entre vous envisagent probablement le travail supplémentaire et les entrainements croisés de la même manière, et je suis ici pour vous dire que prendre au sérieux de ce type d’entraînement fera de vous un meilleur coureur.
Pour les marathoniens et les coureurs qui peuvent courir des kilomètres et des kilomètres, faire des exercices de développement de la vitesse, comme des accélérations et des sprints en côte explosifs, vous permettra de courir plus efficacement et d’améliorer votre vitesse de pointe. En fin de compte, cela conduira à faire de vous un marathonien et un semi-marathonien plus rapide et vous améliorerez sensiblement vos performances. De même, si vous êtes débutant où que vous êtes un coureur sujet aux blessures, travaillez sur la vigueur, la force, sur votre forme générale et vous pourrez vous entraîner davantage et rester en bonne santé.
Ne stressez pas si vous avez fait une mauvaise séance d’entraînement
Ma plus grande erreur quand j’ai commencé à courir est peut-être que j’étais trop dur avec moi-même. En regardant mes anciens journaux d’entraînement, je me disais que si un inconnu les lisait il pourrait penser que je souffrais d’une grave dépression. Si je faisais une mauvaise séance d’entraînement le vendredi, tout mon week-end était fichu.
Non seulement ce n’est pas productif du point de vue de l’entraînement, mais ce n’est tout simplement pas une manière saine d’envisager la course ou de prendre du plaisir. Me détendre et envisager mes plans d’entraînement d’une façon moins stricte m’aurait permis d’être moins nerveux quant à mes courses et m’aurait permis d’apprécier davantage tout le processus. Et tout aussi important, cela aurait également empêché les pensées négatives de polluer mon esprit et de me torturer lorsque je n’avais pas obtenu les résultats escomptés lors d’un entraînement ou lors d’une course.
Les coureurs occidentaux peuvent apprendre beaucoup de l’approche qu’on les coureurs kenyans. Tout d’abord, les Occidentaux ont une mentalité qui veut que vous valiez uniquement ce que vous avez obtenu lors de votre dernière course en date, ou votre dernière séance d’entraînement, et ils gardent cette idée de course en course et d’entraînement en entraînement. Au contraire, lorsque vous parlez à un coureur kenyan, son approche concernant sa condition physique se situe tout à fait à l’opposé. Ils pensent que vous valez ce que vous avez réussi à faire lors de vos meilleurs jours, même si vous n’y êtes pas encore parvenu. De même, les coureurs kenyans apprennent à laisser leurs séances d’entraînement sur la piste ou sur les routes. Ils s’entraînent dur et repoussent leurs limites au cours de la séance d’entraînement, mais dès qu’elle est finie, ils oublient tout, qu’elle ait été bonne ou mauvaise. Cela permet d’oublier une mauvaise séance d’entraînement et ne pas se laisser influencer négativement pour leur prochaine course.
Tenez compte des leçons que j’ai apprises tout au long de mon parcours d’athlète et d’entraîneur, et vous pourrez éviter de commettre ces erreurs simples, mais très importantes pour votre entraînement.