Apparue il y’a maintenant une quarantaine d’années et de plus en plus courant dans la panoplie de prise en charge des blessures des athlètes de haut niveau, la technique de taping neuro-proprioceptif se veut également être une arme de choix chez le coureur « lambda ».
Pathologies musculaires, articulaires, ligamentaires ou encore d’ordre vasculo-lymphatique, cette technique d’application de bandes souples permet une réadaptation physiologique intégrale dans le cadre de la pratique sportive.
Apparition et développement du taping
Cette technique a vu le jour dans les années 70 , sous l’impulsion d’un chiropraticien japonais (le docteur Kenzo Kase). Elle part d’une théorie basée sur l’idée que les muscles ne sont pas seulement responsables des mouvements mais sont aussi des vecteurs de la circulation sanguine et lymphatique.
Cette technique est arrivée en France en 2007 par la voie du sport professionnel. Ces bandes colorées ne sont plus seulement réservées aux sportifs et elles ont fait leur apparition dans de nombreux cabinets paramédicaux, médicaux et hôpitaux, et ne sont plus l’apanage des kinésithérapeutes mais également des sages-femmes, des podologues, des médecins et ostéopathes.
Le taping est une bande élastique composée principalement de coton, hypoallergénique, sans latex et non-restrictive, sur laquelle est appliquée une couche d’acryle en sinusoïde. Appliqué sur les muscles, les principaux bénéfices sont : la réduction de la douleur et des inflammations, l’amélioration de la circulation, le relâchement et le soutien des muscles trop sollicités, fatigués ou même blessés. Mais il permet également un soutien structure aux ligaments et aux muscles lors du mouvement, aide à la guérison, et permet un soutien à la blessure en même temps qu’une liberté de mouvement. Les méthodes de taping peuvent être aussi bien préventives que réhabilitatrices pour permettre aux sportifs de continuer leur entrainement et leur compétition durant leur convalescence.
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La bande peut être utilisée avec différents degrés d’étirement, cela dépend de l’effet recherché par le thérapeute qui va la poser.
Applications et principes de fonctionnement du taping dans la course
A l’inverse du strapping classique qui permet une stabilisation articulaire en limitant les amplitudes et les degrés de liberté, mais en exerçant une pression sur la zone lésionnelle ce qui induit une réduction de la circulation sous cutanée, le taping, lui, permet une totale aisance et liberté de mouvement. Il va agir comme une pompe en stimulant la circulation lymphatique.
En effet celui-ci va augmenter l’espace interstitiel en soulevant la peau et en créant des circonvolutions à la surface de celle-ci.
Le résultat est une diminution de la pression et de l’irritation des mécanorécepteurs sous cutanées, responsables de la douleur.
L’un des atouts majeurs de cette technique est de prolonger l’action manuelle du thérapeute 24 h/24 pendant les 3 à 5 jours que dure l’application du taping. Ainsi le patient coureur pourra prendre sa douche avec, ou bien coupler son activité avec de la natation avec le port du tape, et pour les fans de la récupération avec sauna, il est tout à fait possible d’utiliser ce biais après la pause d’un tape.
Nous l’avons dit le taping neuro-proprioceptif a été créé pour aider et améliorer le processus naturel de guérison du corps, et possède un nombre de méthodes et d’applications et donc de bénéfices d’usage. Nous verrons donc dans l’ordre : l’influence du taping sur la circulation sanguine locale (sanguine et lymphatique), la diminution de la douleur, le soutien anatomique, l’amélioration du rôle musculaire et articulaire lors du mouvement, et enfin l’aide à la proprioception.
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Influence sur la circulation sanguine locale
Une fois appliquée sur la peau, le taping va agir comme un «élévateur » des couches les plus superficielles de la peau, créant un espace plus important entre la peau et les muscles sous jacents.
Cet espace va permettre la réduction de la pression sur les canaux lymphatiques et induire un espace plus important pour la circulation, et améliorer le drainage lymphatique en regard de la pose du tape. Cela peut aider à diminuer un œdème et la douleur lors d’une blessure. Bien entendu, ça permet également une meilleure circulation veineuse, permettant l’intervention de l’oxygène vers les tissus « tapés » plus facilement , mais également des nutriments qui aideront au processus de réparation des tissus lésés, et accélère l’élimination des déchets métaboliques lorsque le muscle est fatigué.
Diminution de la douleur
Les nocicepteurs sont à la base de la sensation de douleur. Ces derniers sont des terminaisons nerveuses libres trouvées dans le derme, pénétrant partiellement l’épiderme. Ils sont répartis assez uniformément sur le corps et sont d’une importance cruciale pour le fonctionnement de la peau et forme comme une couche protectrice pour l’organisme.
Nocicepteurs sont également trouvés dans la musculature, les organes internes, et dans tous les types de tissus de l’organisme, exceptions faites des couches extérieures du cartilage articulaire dans les articulations, des disques intervertébraux, le cerveau et le foie.
Les nocicepteurs réagissent aux produits chimiques, thermiques, mécaniques, et aux stimuli.
Le taping permet de diminuer la douleur physique et neurologique, en effet, l’action de traction des tapes permet la diminution de la pression sur les récepteurs locaux de la douleur, situés en regard du tape, sous jacents à la peau.
Amélioration du fonctionnement musculaire
Dans le cadre de blessures
Les blessures musculaires peuvent être de différentes natures : muscles surmenés, déchirures de fibres musculaires et/ou des muscles déchirés. La surcharge de l’appareil musculaire provoque des ruptures dans le tissu conjonctif du muscle. Le liquide stagnant dans les espaces interstitiels provoque une pression accrue, avec une stimulation concomitante des capteurs de pression et de la douleur. Les conséquences sont: la douleur, la raideur, un gonflement et une augmentation de tonus.
Dans le cadre d’un muscle hypertonique
Une augmentation réflexe du tonus musculaire entraîne un changement dans la consistance du muscle. En règle générale, l’ensemble du muscle est touché, mais les changements peuvent se limiter à des zones très localisées.
On cherchera à relâcher le muscle dans ce cas précis.
Dans le cadre d’un muscle hypotonique
L’hypotonie est généralement causée par une inhibition réflexe d’un muscle antagoniste hypertonique, une dysfonction articulaire sus ou sous-jacente, ou une parésie par exemple.
On cherchera dans ce cas à activer le muscle.
Quelques pathologies du coureur pouvant être prises en charge
Toutes les tendinites et tendinopathies inhérentes au coureur peuvent être prises en charge, comme la tendinite d’Achille, la périostite tibiale, le syndrome de la bandelette ilio tibiale (ou syndrome de l’essuie glace ), les lombalgies, les tendinites rotuliennes et plantaires, etc.
Mais également toutes les instabilités ou dysfonctions articulaires au niveau de la cheville, du genou et des articulations sus-jacentes.